Une rentrée en marchant



C'est parti!

Jeudi 31 aout

Les journées raccourcissent, la végétation commence à roussir ; il est temps de vérifier le contenu du sac à dos (seule la suite confirmera, ou non, la pertinence du choix du matériel qui le remplit) et de fermer la porte de l'appartement pour... quelque temps.

Mon 1er objectif est Chartres, en suivant (plus ou moins) l'itinéraire de Charles Péguy. 

 

Drôle d'impression de traverser Limours en cherchant des indications de chemin, et plus encore, de dormir à Dourdan, si près de chez moi. 


En remontant l'orge

Vendredi 1er septembre

Quitter l'Yvette (qui est un affluent de l'Orge)... et retrouver l'Orge à Dourdan, puis remonter vers ses sources, beau programme : charmants paysages et villages très résidentiels (haut de gamme).

Ensuite, après avoir croisé la voie TGV et l'autoroute, le paysage change complètement. Champs kilométriques qu'heureusement l'itinéraire évite de suivre en préférant petits vallonnements, champs plus petits et variés, remises.

A noter à Ablis : un avant-goût de Portugal en dégustant les délicieux pastels de natale de la boulangerie locale. 

En quittant l'Essonne, j'ai lu sur les affiches que les journées du patrimoine étaient cette année consacrées aux châteaux. J'en ai croisé 2, dont cette maison-forte affichant crânement son millénaire. 


Chartres

Samedi 2 septembre

Pour commencer la journée, un arc-en-ciel sur la campagne beauceronne.

L'itinéraire suit une voie de chemin de fer sur laquelle ne circulent plus que des vélorails (au départ de Gallardon, avis aux amateurs). L'habitat pavillonnaire devient envahissant en approchant de Chartres. Il convient donc de garder les yeux fixés sur les flèches, avant de pouvoir retrouver la cathédrale...


Cap sur la Loire

dimanche 3 septembre

Chartres, le matin, et plus encore la cathédrale, est parfaite pour les égoïstes (comme moi) qui apprécient plus profondément ce lieu dans la solitude. 

Très vite, succèdent à la ville de petits villages agricoles au centre dévitalisé et cernés par des pavillons récents ; on n'y voit personne... mais on est sans doute vu, car de nombreux panneaux assurent que les voisins sont vigilants.

Les champs sont partout : maïs, luzerne, pommes de terre, oignons, betteraves, pylônes électriques, éoliennes. Les seules coupures sont les autoroutes et autres voies de TGV.

 

Heureusement, quelques églises (ci-dessous Theuville) et cimetières préservent de l'assoupissement. La visite des cimetières est un incontournable pour assouvir sa soif, aucun bar ne s'étant présenté. Le petit cimetière de Beauvilliers annonçait des tombes du Commonwealth : un équipage d'avion canadien y était effectivement enterré, mais en poursuivant l'exploration, j'ai découvert, absolument isolée, une tombe sur laquelle était inscrit "soldat prussien  - 1870". Et là, inévitablement, l'imagination gambade... et les kilomètres suivants se passent à se demander quelles circonstances ont amené cet homme dans ce village perdu.

 


En passant par l'eure-et-Loir

Lundi 4 septembre

Journée de liaison, dirais-je, pour ne pas blesser les supporters de ce département. 

2 points positifs néanmoins : beaucoup de km parcourus et une journée faste pour la glaneuse que je suis (pommes, poires, framboises,  mûres... et un oignon).

Si vous ne connaissez pas le documentaire d'Agnès Varda consacré aux glaneurs, précipitez-vous! 

 


Google m'épate!

Mardi 5 septembre

Une hirondelle ne fait pas le printemps mais les cyclamens sont un signe qui ne trompe pas pour annoncer l'automne!

 

GOOGLE, que j'aime critiquer, est en train de devenir mon compagnon de jeu de cheminotte/cheminante. Disponible (Google est un ami qui peut toujours te dire où tu es, via ton écran... alors qu'avec une carte, ce n'est pas gagné), sûr (pour l'instant je ne l'ai pas pris en défaut), il est en plus capable de zoomer et dézoomer à volonté. Je me régale vraiment à réfléchir à mon itinéraire avec mon nouveau copain!!

 

Aujourd'hui, ma mission était d'atteindre la Loire sans être gênée par la circulation, particulièrement celle des camions. Pari gagné (1 point pour Google) mais je le bats à plate couture pour trouver des mûres ; ce manque de gourmandise (sauf m'a-t-on dit pour les dollars) l'éloigne du copain vraiment idéal!

Etape ce jour à Germigny-des-prés, connu pour un oratoire et sa mosaïque uniques en France. Theodulfe, un très proche de Charlemagne, fit construire sa villa qui comprenait un oratoire quadrilobé ; la voûte d'une abside est décorée d'une mosaïque byzantine représentant l'arche d'alliance qui renferme les Tables de la Loi. Remarquez que Dieu est présent... par sa main! 


"Châteaux" d'hier et d'aujourd'hui

Mercredi 6 septembre

En remontant la Loire, un arrêt s'impose à Saint-Benoît : monastère fondé au VIIème siècle, abbatiale romane dont la construction commence au XIème siècle ; une communauté monastique,issue de la Pierre qui vire, s'y est réinstallée depuis 1944.

La communauté avait été dispersée à la révolution, les jardins de l'abbaye ont également disparu. Des panneaux explicatifs disposés près de l'abbaye permettent d'imaginer ces jardins et vergers disparus.

"Le jardin est devenu pour le moine le lieu d'une promenade solitaire et médiatrice,d'une récréation vouée à la célébration du divin, par la contemplation des arbres, des fleurs, des fruits et des oiseaux." (Dom Claude Martin - Pratique de la règle de saint Benoît  - 1674).

Agriculture raisonnée ??? Depuis une semaine, je longe des terres qui semblent mortes, sous perfusion. Et là, on gaspille une ressource chaque jour plus précieuse...

Heureusement,la vallée de la Loire offre ses châteaux : j'ai retrouvé avec plaisir la silhouette moyenâgeuse du château de Sully, mais ce sont d'autres tours que j'ai eues en point de mire presque toute la journée, celles de Dampierre. Vous ne connaissez pas cette citadelle des temps "modernes" ?  4 tours mais pas de donjon...déjà 37 ans de bons et loyaux services... alors quand, quittant Sully,j'ai entendu la sirène, j'ai connu un instant de panique, mais ce n'était pas un accident nucléaire, juste l'essai du 1er mercredi du mois!

Soirée particulière puisque je l'ai partagée avec une amie m'offrant l'hospitalité...et me régalant des produits de son jardin. 


Gien : changement de rive... et de cap

Jeudi 7 septembre

Habitat diffus, agriculture diversifiée (élevage, grande culture, maraîchage), présence de forêt concourent à l'existence d'un réseau dense de chemins et petites routes, sans parler de la levée de Loire. Rallier Gien en ne croisant quasiment que la voiture de la factrice ne fut donc pas difficile. 

Depuis Châteauneuf, la seule opportunité de passer rive gauche se trouvait à Sully. Je traverse le pont de Gien pour passer symboliquement au sud de la Loire et me diriger vers Le Puy-en-Velay. Mais quelques km plus loin, je ne peux résister à franchir à nouveau la Loire, en empruntant le pont-canal de Briare. Cet ouvrage,jusqu'en 2003 le plus long pont-canal métallique au monde (668 m),n'a pu être construit que lorsque la technologie de la construction métallique a été maîtrisée, dans la dernière décennie XIXème siècle ; c'est d'ailleurs Gustave Eiffel qui fut responsable de la maçonnerie. 


Le canal latéral de la Loire, d'une rive à l'autre

Vendredi 8 septembre

Le pont-canal a signé la fin de l'utilisation d'une portion du canal de Briare, devenu un espace de biodiversité...et un parcours de pêche  sportive : les amateurs y pêchent, avant de la relâcher, la perche noire, un poisson originaire d'Amérique du Nord, prédateur du poisson-chat. Son nom canadien français est achigan à grande bouche (en langue algonquinne, at-chi gane = celui qui se bat).

Le canal de Briare était pourtant un élément essentiel du réseau de canaux permettant de passer du Rhône à  la Seine : il relie la vallée du Loing (affluent de la Seine) à celle de la Loire (rive droite) tandis que le canal latéral de la Loire part de Digoin Bourgogne pour aboutir, rive gauche, quelques km en amont de Briare. Avant la construction du pont-canal, 2 écluses, de part et d'autre du fleuve, permettaient d'accéder au fleuve et d'en traverser le lit entre deux digues. 

Aujourd'hui, en suivant la Loire et les canaux, j'ai trouvé de nouveaux fruits à glaner : du raisin et des noix, dont j'ai fait une petite provision dans une poche extérieure de mon sac.

Le long de la Loire, de nombreux panneaux d'information alertent sur les dangers des inondations ; à Ousson-sur-Loire, une maison en témoigne. Les 3 crues signalées sont des crues d'automne.


Vers sancerre, la carte et le territoire

Samedi 9 septembre

Ce matin, petit déjeuner à la bonne franquette, sur un coin de table. Quand j'arrive, je trouve la patronne attablée avec le seul autre client : une grande cruche de café, du pain grillé, le pain de beurre et un pot de confiture maison ; un reste de clafoutis aux prunes complète cette table familiale. Nous bavardons agréablement... Pourtant, à part l'intérêt pour l'autre, quoi de commun entre cette dame enracinée dans son hameau et craignant tant la solitude qu'elle continue à travailler, un monsieur vivant en Grèce depuis 25 ans et moi?

L'hôtel, comme sa propriétaire, est ancré dans le territoire avec son sol dallé de carreaux qui semblent d'un autre âge. 

En suivant la Loire, ses bancs de sable et ses îles, je songeais irrésistiblement à Huckleberry Finn, son radeau, ses campements ; ici, en pénétrant dans le Cher / le Berry, je m'attends à croiser la Petite Fadette dans les chemins creux.

Depuis le matin, la progression était régulière ; les 25 km prévus jusqu'à Sancerre se décomptaient tranquillement ; j'avais  fait une pause au bord d'un étang pour m'y régaler des noix glanées la veille... Mais Google m'a trahie : non seulement des chemins indiqués sur l'écran n'existaient pas mais un peu plus tard, j'ai parcouru des chemins bien marqués sur le terrain et invisibles sur l'écran. Je me suis donc perdue... Comme j'étais en forêt, j'ai utilisé Google pour suivre un cap ; quelques griffures de ronces plus loin, et alors que je me pensais tirée d'affaire, comme un "malheur" n'arrive jamais seul, je me suis retrouvée, en plein bois, face à une solide clôture de plus de 2 mètres de haut! J'ai appris en posant la question à Sancerre qu'il s'agissait d'une propriété privée, une réserve de chasse. Je peux témoigner de la présence de gibier.

Je suis finalement arrivée à Sancerre par une petite route départementale!!!

Les vendanges ont commencé depuis jeudi, ce qui m'a valu, alors que j'approchais d'une terrasse pour y déguster une bière convoitée, de me faire hêler par un ancien élėve de CM2, qui buvait un coup avec ses camarades de travail! La bière n'en fut que plus appréciée, le plaisir désaltérant s'alliant à celui de la conversation. 


La charité-sur-loire, une cité à découvrir

DImanche 10 septem bre

Matinée automnale, quelques écharpes de brume sur les vignobles. Je traverse la cité endormie, admire au passage la maison de Jacques Coeur et quitte le piton dominant la Loire de 150 mètres en traversant des vignes qui attendent d'être vendangées.

La suite de la journée, je chemine rive gauche, entre la Loire et son canal latéral. Territoire agricole, élevages bovins majoritairement, mais aussi caprins et ovins, champs de maïs, de tournesol... Si toutes les terres restent exploitées, de nombreuses fermes ne sont plus habitées, confirmant les statistiques sur l'effondrement du nombre d'agriculteurs.

Je repasse rive droite pour atteindre La Charité-sur-Loire... et rejoindre le chemin de Compostelle qui vient de Namur. Je vais donc passer ma 1ėre nuit en gîte de pèlerins et obtenir un 1er tampon sur mon credencial. Le gîte se trouve dans de vieux bâtiments qui jouxtent l'église, 2 pèlerins (1 Néerlandais et 1 Allemand) seront mes compagnons du jour. 

Dès qu'on franchit la Loire, on a l'impression de remonter le temps : des ruelles qui convergent vers les bâtiments religieux ou s'enroulent autour, des maisons étroites aux toits pentus couverts de petites tuiles plates, des tours, des porches... On remarque aussi rapidement les nombreuses librairies et les citations écrites aussi bien sur les murs que sur les vitrines et les trottoirs. La Charité-sur-Loire s'annonce comme la cité du livre et du mot ; le titre n'est pas usurpé! Cette flânerie littéraire permet de constater à quel point la ville à absorbé le prieuré. Ce n'est que récemment que le cloître, par exemple, a été "débarrassé" des ateliers,commerces et autres habitations qui s'y étaient installés depuis la révolution pour retrouver son style XVIIIėme. 

 


Sous le signe de la coquille

Lundi 11 septem bre

À Gif, comme à Chartres, j'avais pu photographier une indication kilométrique ; à La Charité-sur-Loire, pas de panneau mais difficile de passer à côté de la coquille géante qui décore le cloître. 

 

Un petit tour matinal pour dénicher une dernière citation dans la vitrine de l'office du tourisme (le bâtiment qui l'abrite est sur une place qui était autrefois à l'intérieur de l'église) et je quitte la ville par la rue des hôtelleries puis en empruntant les 84 marches que parcouraient déjà les pèlerins au XIIėme siècle. 

 

La salamandre ouvre ce blog, mais mon cheminement actuel est plutôt sous le signe de l'ecureuil. J'en ai vu un chaque matin, mais ces coquins ne se laissent pas photographier. Je vois souvent des chevreuils,mais à des horaires et en nombre plus variable.

Aujourd'hui, je me laisse porter par le chemin : une variante du chemin de Vezelay passe par Nevers, qui est pour moi dans la bonne direction. Après donc des journées à créer un chemin éphémère, je mets mes pas dans ceux d'innombrables devanciers, je foule des chemins dont j'aimerais qu'ils puissent me murmurer leurs souvenirs.

Le balisage ne va donc pas manquer, essentiellement les marques rouges et blanches des sentiers de grande randonnée, mais aussi des coquilles et quelques panneaux spécifiques. 

Je me laisse traverser par le chemin, mais je jette de temps en temps un oeil sur Google Maps et je constate que l'itinéraire est loin d'être le plus court ; il me semble suivre 2 partis pris : passer par les sites clunisiens, comme la modeste église de Champvoux, et passer par des points hauts, en forêt ou en lisière. 


Traces du passé

Mardi 12 septem bre

La Charité-sur-Loire est un site clunisien, centré sur le prieuré ; Nevers, avec son centre perché sur une butte, est une ville ducale, organisée autour du palais et de ses jardins.

J'avais décidé de renouer un partenariat avec Google, l'itinéraire n'était pas enthousiasmant mais promettait une belle progression vers le sud.

Mais LE chemin a été le plus fort : après la traversée de la Loire, la 1ėre balise rencontrée m'a fait changer de direction.

J'ai donc suivi la Loire vers l'aval jusqu'à son confluent avec l'Allier, que j'ai "remonté".

En amont de Briare, le canal latéral se trouve rive gauche... et l'Allier est un affluent rive gauche ; un autre pont-canal s'impose donc pour le franchissement de l'Allier. Moins impressionnant que celui de Briare, le pont-canal de Guétin est néanmoins impressionnant. 

En découvrant cet ouvrage, je pense à André, le marinier qui, chaque année à cette saison, convoie jusqu'à Paris des marchandises commandées via une association. Je guette le trafic, faible ce matin, mais je n'aperçois pas, malheureusement, la péniche d'André, lestée de produits du sud : vins, anchois, tapenades, foie gras et conserves de canard...

Quelques km plus en amont, un autre ouvrage intrigue : un vaste bassin circulaire, communiquant à la fois avec l'Allier et avec une "branche" du canal latéral de la Loire.

Cette écluse ne fait plus passer de bateaux, mais continue à  permettre d'alimenter en eau le canal latéral de la Loire. 

La maison du garde-écluse renseigne sur le chemin parcouru... et l'étendue du réseau des canaux.

Après le superbe village d'Apremont-sur-Allier, l'itineraire quitte les berges de l'Allier pour des paysages ruraux,avec des fermes isolées, des haies entourant surtout des pâturages. On est soudain rattrapé par l'histoire en s'approchant d'un panneau que seuls les piétons, ou les vélos s'ils s'arrêtent, peuvent lire.

Des notions connues prennent soudain chair, l'imagination galope...


Rattrapée par le chemin

Mercredi 13 septem bre

On se croit malin, à inventer des chemins...

Hier, j'avais laissé le chemin à la coquille à Apremont, filant plein sud ; arrivée au Veurdre, je le retrouve... et découvre qu'il existe un itinéraire de liaison entre le chemin de Vėzelay et celui du Puy-en-Velay. Quand le chemin vous a attrapé, il vous tient!

Je me laisse donc conduire par un chemin estampillé GR qui file plein sud... Bien qu'homologué GR, le cheminement commence sur plusieurs km de bitume. Est-ce par fidélité au chemin historiquLa circulation sur cette route étroite que la végétation recolonise est des plus réduites ; 3 véhicules en 2 heures environ : un tracteur,une voiture et un livreur de surgelés.

La monotonie est heureusement rompue par un gisement de mûres, c'est-à-dire que je dois poser mon sac à dos tant les fruits sont nombreux et appétissante. Les ronces, dans ce paysage de bocage, abondent, mais pas les mûres mûres...et accessibles!

À un carrefour, le chemin pénètre dans la forêt, changement radical d'atmosphère : des moucherons et autres moustiques m'accompagnent aussi bien sur les routes forestières que sur les sentiers étroits. 

Ce n'est pas la forêt de Tronçais (qui n'est qu'à quelques lieues), mais certains secteurs de futaie jardinée auraient fait rêver les constructeurs de cathédrales ou les charpentiers de marine. Le contraste entre ces troncs élancés et la silhouette d'un chêne isolé est fort.


Le chemin quitte la crête, retrouve les lisières, puis les champs... et enfin un village,  Agonges, où Irma, Néerlandaise installée en France, m'installe dans un de ses gîtes, meublé et décoré seventies : je baigne dans l'orange!!

Je profite du grand jardin, du soleil et du vent pour offrir un luxe rare à ma lessive quotidienne, sécher sur un fil au grand air.

L'Allier profond m'apparaît bien cosmopolite ; hier, la patronne de l'hôtel était anglaise, et son serveur venait tout droit du Penjab. Ce département pourrait-il donner quelques nécessaires leçons d'intégration à d'autres territoires?

L'église du village était construite de matériaux hétéroclites, mais les sculptures parsemant certaines pierres de la tour m'ont amusée. 


Grosse journée

Jeudi 14 septem bre

Le découpage du GR300 propose ensuite 2 étapes, l'une de 12 km et la suivante de 27. La forme est là, j'envisage donc d'enchaîner... Départ au point du jour, sous la pluie ; sursac, anorak et cape s'imposent.

À la (re)création de ce chemin de liaison, des sculptures ont été installées pour accompagner le promeneur/randonneur/pèlerin.

D'autres sculptures, et de beaux textes qui les accompagnent, vont accompagner ma progression, mes rêveries, mes réflexions tout au long de la journée, m'offrant également quelques pauses appréciées, d'autant plus que la pluie a cessé. 

Au village suivant, Saint-Menoux, la pluie ayant forci, je partage l'arrêt de bus avec les collégiens et lycéens que les parents déposent. Il faut que l'église ouvre pour pouvoir découvrir le débredinoire... un sarcophage contenant les restes de Saint Menoux, percé d'un trou dans lequel les simples d'esprit (les  bredins en patois bourbonnais) sont censés passer la tête afin de recouvrer la santé mentale.

N'y aurait-il des bredins qu'en Bourbonnais?

Finalement plus de 40 km parcourus, pour atteindre, au-delà du but de la 2ème étape, l'hébergement du jour : un petit hôtel dominant l'Allier... sans wifi (jour 2).


D'église en église, pour finir au couvent

Vendredi 15 septem bre

Double dose d'arc-en-ciel ce matin... je ne vous présente que celui à la forme canonique. C'est génial de pouvoir prendre le temps de voir l'arc s'affirmer, se déployer... et s'estomper, d'observer les différentes couleurs obtenues par la décomposition de la lumière.

L'itinéraire du jour est joliment tracé sur de vieux chemins, majoritairement enherbés, et traverse de tout petits villages qui semblent avoir à  peine changé depuis des siècles  : ruelles étroites et pavées, maisons à colombages... et eglises, souvent peintes, sans oublier quelques touches joyeusement kitsch.

Une nouvelle terre viticole se déploie autour de Saint-Pourçain-sur-Sioule ; les vignes sont dispersées parmi les cultures et les prairies, généralement positionnées sur le haut des coteaux et les plateaux. Au vu des traces blanches de traitement sur les feuilles, j'ai résisté à mon envie de goûter le raisin.

C'était ici aussi le temps des vendanges, manuelles par-ci, mécanisées par-là.

Saint-Pourçain, voilà un saint qui n'a pas fait école, peut-être pour des raisons étymologiques... Selon Grégoire de Tours, Porcianus (=gardeur de cochons) était un esclave qui, maltraité par son maître, s'enfuit et fondé un monastère dont il devient l'abbé. Sa sainteté est liée à 2 faits : pas rancunier,il rendit la vue à son ancien maître devenu aveugle ; il parvint à repousser une attaque barbare.

Les vaches, tout en mastiquant, gardent un oeil curieux sur l'extérieur du parc, et approchent en courant ; dès que l'intrus se trouve à quelques mètres, elles filent pour garder une distance de sécurité et s'immobilisent face à l'élément perturbateur, l'observant sans ciller!


Aux confins du bourbonnais

Samedi 16 septem bre

Depuis hier, j'aperçois les puys au loin ; le paysage change, les haies et chemins creux se raréfient... Les baliseurs de GR doivent donc innover!

 

 

Le chemin monté doucement jusqu'au bourg de Charroux, très beau village quadrangulaire en serrant une enceinte fortifiée  circulaire. Déambulation agréable dans cet espace préservé, qui doit recevoir beaucoup de touristes si j'en juge par la présence de boutiques bobo...

Ce sont les sites de Bourbon qui firent fortifier le village, qui comptait également 2 établissements de moines-soldats. 

Côté sud comme côté Nord, la vue porte loin,, et l'on mesure bien le changement brutal d'occupation des sols et l'apparition de reliefs plus accentués.

Plus loin, au détour d'un chemin longeant une ferme fortifiée, je rencontre un cycliste. Nous parlons un bon moment... Il est parti deppuis plus de 4 mois, a visité Barcelone, Lisbonne et remonte par le chemin depuis Saint-Jacques de Compostelle. Il me dit n'avoir rencontré aucun autre randonneur depuis Le Puy-en-Velay. Il est pâtissier et a souhaité, pour ses 35 ans, faire un long voyage.

 

 


Pays des combrailles et de limagne

DImanche 17 septem bre

Outre-Sioule, c'est un autre département, le Puy-de-Dôme.

Terrain  bossu pour commencer la journée : l'itinéraire quitte la vallée de la Sioule, prend de l'altitude, puis enchaine combes, vallons boisés, ruisseaux.  Les cultures se font rares, les prairies, de fauche ou de pâture, dominent. Malgré la fraîcheur matinale, pour la 1ėre fois depuis le départ, la sueur perle à mon front dans les montées ; je croise un cueilleur de champignons : le repas du soir n'est pas encore assuré ! 

 

La pluie arrive, et je laisse les Combrailles derrière moi.

 

Ce matin, un écureuil guette mon passage, installé sur le chemin.

 

J'ai failli passer à côté sans la voir (la capuche et le chapeau en auraient été responsables) ; quel travail et quelle force d'expression! Par temps sec, je pense que je serais repartie en arrière à la recherche d'autres œuvres. 

 

 

À la sortie d'un bourg, dans un quartier pavillonnaire, la pluie se calmant, j'avise un banc, secoue ma cape, grignote quelques fruits secs, essore mon chapeau... et me prépare à repartir, quand un monsieur, sorti de sa maison d'où il m'avait sans doute observé, m'appelle. Je ne réagis pas immédiatement, il insiste, je retourne donc vers lui et le salue. Je m'attendais à un échange sur Compostelle et voilà qu'il me dit, très gêné, qu'il m'a prise pour une SDF! Je tente de lui expliquer le chemin, il ne comprend pas... et s'excuse encore. Quelle représentation a-t-il des SDF? En a-t-il vu ailleurs qu'à la télé ? Quelles étaient ses intentions face à la SDF échouée dans son quartier?

 

Les croix sont nombreuses sur le chemin, comme partout d'ailleurs dans le territoire français. Ces 2 modestes croix de pierre, installées à quelques dizaines de  mètres l'une de l'autre, m'ont semblé mériter un arrêt ; la 2ème nous dit aussi que les volcans sont proches...

 

 

 

 

 


Le voyage ne s'arrête pas là, mais comme la page devenait bien longue, il est temps d'en ouvrir une nouvelle.

Cliquez, si vous souhaitez continuer ce feuilleton, sur le lien ci-dessous. https://cms.e.jimdo.com/app/cms/preview/index/pageId/1906902368?public=https://martine-automne2017.jimdo.com/de-clermont-ferrand-à-saint-privat-d-allier/